L'industrie papetière, mouton noir des matières premières ?

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Durant ces trois dernières années le prix des matières premières s'est envolé et ce phénomène a été largement médiatisé pour le pétrole, les métaux ou même pour les matières premières agricoles. Pourtant dans ce contexte de hausse généralisée, le papier fait figure d'exception avec des évolutions de prix à peine équivalentes à l'inflation. Cette situation met en évidence les erreurs stratégiques des grands acteurs du secteur qui ont multiplié les ouvertures de sites de production et du même coup conduit l'industrie à une situation de surcapacité et ainsi détruit son « pricing power ». A cet élément négatif directement imputable aux entreprises papetières s'est ajouté un facteur exogène extrêmement préjudiciable : la flambée des prix de l'énergie, véritable coup de massue pour cette industrie fortement consommatrice d'électricité. La combinaison de ces deux facteurs a entraîné un fort pincement des marges des entreprises papetières voire des pertes comme pour Stora Enso et Norske Skog en 2005.

Face à cette situation très dégradée, les grands papetiers européens sont en train de réagir. Tout d'abord en changeant les modes de pensées de l'industrie avec le renouvellement des équipes de gestion et l'arrivée d'hommes ayant fait leurs preuves dans d'autres secteurs d'activité. C'est le cas pour le management de Norske Skog, l'actuel Directeur Général ayant fait la majeure partie de sa carrière dans le secteur de l'énergie ainsi que pour Stora Enso dont le nouveau Directeur Général vient de la division médicale de Philips. Nous avons récemment rencontré ces deux sociétés et les équipes en place ont désormais la même priorité : le redressement de la rentabilité de leur entreprise. En conséquence, ces groupes ont mené une réflexion profonde sur leurs capacités de production avec une double logique : fermer les unités les moins rentables au niveau de chaque société et ainsi contribuer à réduire les surcapacités au niveau de l'industrie. Stora Enso a ainsi annoncé la fermeture de sites en Finlande, en Suède, aux USA et en France représentant une réduction de capacités de 400 000 tonnes. Norske Skog a de son coté réduit ses capacités de production en Norvège, Corée et Nouvelle-Zélande. Les catalyseurs sont désormais identifiés et nous nous sommes donc logiquement intéressés à ces entreprises. Nous estimons que la matérialisation de ces différents éléments permettra le redressement des cours boursiers déprimés de ces sociétés et entraînera ainsi la correction de leur sous-évaluation manifeste. Les renégociations tarifaires ayant lieu en ce moment entre les papetiers et leurs principaux clients pourraient être la première preuve tangible de ces nouvelles dynamiques plus vertueuses.

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