La réunion mensuelle de la FED du 28 octobre 2015 très attendue par les investisseurs a-t-elle changé la donne ? Le communiqué de Janet Yellen prépare clairement les marchés à une possible hausse des taux en décembre. Mais parce qu'il y a toujours un mais, Rémi Lelu de Brach, Gérant taux chez Quilvest Gestion, estime que si la BCE baisse son taux directeur, la FED ne relèvera pas le sien.
Alors qu'il n'y avait pas de conférence de presse à la fin de cette réunion, le marché ne s'attendait à aucune décision significative. Toute l'attention se portera sur la réunion du mois de décembre. En effet, Janet Yellen s'était engagée à remonter les taux d'ici fin 2015 avant de sembler se rétracter en septembre, à cause de ses inquié-tudes sur l'économie mondiale. Le marché scrutait donc les éléments de discours qui pourraient donner des indications sur sa décision du mois de décembre. Avant la réunion, le marché considérait que la probabilité d'une hausse des taux en décembre était inferieure à 30%.
Seul le communiqué a été publié, donc nous ne ferons que l'analyse des éléments de ce texte au regard du texte précédent. Il apparait que la Fed se montre moins accommodante que lors de la précédente réunion. Les changements de communication sont au nombre de 3 :
1. La Fed ne fait plus référence à ses inquiétudes sur l'économie mondiale. Elle indique seulement qu'elle
surveille les développements globaux. Ici, les membres de la Fed cherchent à restaurer leur crédibili-té alors que leur mandat ne concerne que l'économie américaine. En effet, la mention des préoccupations sur l'économie mondiale avait troublé les marchés qui ne savaient plus comment la Fed prenait ses décisions.
2. La hausse de l'investissement est qualifiée de « so-lide » et non plus « modérée ». La Fed confirme ainsi son enthousiasme sur l'économie américaine.
3. Les membres de la banque centrale Américaine déci-deront « s'il est approprié de remonter les taux lors de la prochaine réunion » a remplacé « s'il est approprié de maintenir sa politique monétaire ». Janet Yellen semble indiquer qu'une hausse est probable le mois prochain. En tout cas, la politique de taux zéro est proche de sa fin.
Par ailleurs, comme le mois précédent, seul un membre a voté contre la décision du statu-quo. Il s'agit de Jeffrey Lacker, le président de la Fed de Richmond qui a voté pour une hausse des taux de 0.25%.
Comme on peut le voir, la Fed cherche donc à rassurer les marchés quant à sa maitrise de la politique monétaire et elle les prépare à une hausse des taux imminente.
Les taux à 2 ans américains sont repartis à la hausse de 6bp à la publication du communiqué :
La probabilité de voir la fed remonter ses taux en décembre est passée de 30 à 46%.
Sur les taux européens, l'impact est quasi nul. En effet, récemment la BCE a évoqué la possibilité de conserver le programme de quantitative easing jusqu'à ce que l'inflation soit repartie, réduisant ainsi la corrélation entre les taux européens et américains.
Il semble que la Fed veuille corriger sa communication catastrophique du mois de septembre où elle avait paru indécise et inquiète.
Si le communiqué prépare clairement les marchés à une possible hausse des taux en décembre, il nous semble peu probable que la Fed laisse le dollar remonter trop fortement. Or, depuis la précédente réunion de la BCE, l'euro est repassé en dessous de 1.10$. Nous pensons donc que la BCE a repris la main. Si celle-ci décide de baisser son taux de rémunération des dépôts lors de sa réunion de décembre, la Fed devrait opter pour le statu-quo. A l'inverse si la BCE maintient ses taux inchangés, la Fed devrait en profiter pour remonter les siens.
Cependant, il est important de noter qu'une hausse de 0.25% ne changera pas grand-chose. C'est la trajectoire qui est importante et la Reserve Fédérale remontera ses taux beaucoup plus lentement qu'autrefois. Nous pensons qu'elle ne devrait pas remonter ses taux de plus de 0.50% d'ici 1 an (soit un taux directeur à 0.75% en octobre 2016).
Rémi Lelu de Brach, Gérant taux chez Quilvest Gestion
© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.