(AOF) - Interview de Gilles Bogaert, DGA, finances de Pernod Ricard
Les chantiers de la direction financière seront en parfaite cohérence avec les priorités stratégiques de Pernod Ricard que sont la stimulation de la croissance interne et le désendettement du groupe. Nous allons porter une attention toute particulière à la gestion de notre dette et du cash : maîtrise de nos risques de taux d'intérêt - grâce à une vigilance constante quant à la structuration de notre dette par type de taux et aux conditions de marché - et de nos risques de change. Dans ce domaine, nous nous efforçons d'adosser le mieux possible la dette contractée dans une devise aux cash-flows réalisés dans cette devise et de faire remonter le cash généré par les filiales dans les meilleurs délais. Le refinancement devrait également constituer un chantier important pour les prochaines années. Aujourd'hui, la dette bancaire représente environ les trois quarts de nos sources de financement. Nous nous sommes fixé comme objectif d'augmenter la part obligataire de notre endettement total à plus de 50 % d'ici l'échéance de notre crédit syndiqué en 2013. En ce qui concerne le désendettement, le groupe va poursuivre ses cessions dans le cadre du plan amorcé l'an dernier. Ces opérations ont déjà rapporté 700 millions d'euros sur un objectif total d'un milliard d'euros. Nous menons également en permanence des travaux d'optimisation de notre cash-flow, qui passent notamment par une optimisation de la gestion de notre besoin en fonds de roulement, de nos stocks stratégiques et de nos investissements. Pour stimuler la croissance interne, la direction financière est étroitement associée aux choix stratégiques, qu'il s'agisse du développement des marques ou des zones géographiques, en aidant à fournir les outils et indicateurs de performance permettant de cibler les investissements en fonction des potentiels. La recherche de l'optimisation des coûts, des achats et des frais de structure fait également partie des objectifs. Enfin, nous travaillons à l'amélioration des outils de gestion, particulièrement nos systèmes d'information (ERP et business intelligence...) en recherchant davantage de convergence au sein du groupe, tout en cherchant à améliorer la satisfaction des besoins des opérationnels.
La proximité de la publication de nos résultats nous place de facto dans une période de communication restreinte. Je ne peux donc pas commenter l'évolution de notre secteur. G.B.
Attention le groupe clôture ses comptes au 30 juin
Chiffre d'affaires
- Au 30.09.2009 (trimestriels) : 1.646 millions d'euros (- 4% de croissance organique et -6% en données publiées) - Au 30.06.2009 (annuels) : 7.203 millions d'euros (+9%, croissance interne de -0.4%) (exercice 2008/2009)
Résultats
- Au 30.06.2009 Résultat opérationnel courant : 1.846 millions (+21%, croissance interne +4%) ; Résultat net part du groupe : 945 millions (+13%)
Prévisions
Pour l'exercice 2009-2010, le groupe vise une croissance du résultat opérationnel courant comprise entre 1% et 3 %, à périmètre et à devises comparables et après une relance des dépenses publicitaires. Pour cette année, Pernod Ricard devrait revenir à sa politique habituelle de distribution en numéraire d'environ un tiers de son résultat net courant.
Stratégie
La priorité demeure le désendettement, avec la poursuite du programme de cession d'actifs de 1 milliard d'euros. Le groupe, convaincu de la pertinence de son modèle qui repose sur des marques de luxe, va continuer à augmenter ses prix de façon à suivre au moins l'inflation. Son effort publi-promotionnel va être focalisé sur ses marques clefs. Le groupe a décidé de réinvestir dans ses marques durant son exercice 2009-2010 et de reprendre son offensive publicitaire et commerciale. Pour lui, cette politique représente un axe majeur de son développement car il estime qu'en investissant aujourd'hui sur ses marques il garantit ses profits à venir.
Evènements financiers
Le groupe a décidé d'augmenter le capital de la société (de plus de 8 millions d'euros) par incorporation de réserves et distribution d'actions gratuites à raison d'une action nouvelle pour cinquante actions anciennes. Il a procédé auparavant à une émission obligataire de 800 millions d'euros auprès d'investisseurs institutionnels pour lui permettre d'allonger la maturité de sa dette. Cette levée de fonds succède à une augmentation de capital de 1 milliard d'euros réussie début mai. Ces opérations visent à renforcer le bilan du groupe.
Forces
- Pernod Ricard a affiché de très bonnes performances sur l'exercice 2008/2009, supérieures aux attentes des analystes : la très sensible amélioration de la marge opérationnelle (+250 pdb) provient notamment de l'intégration d'Absolut, marque à forte rentabilité ; - Son activité a bien résisté sur le premier trimestre de son exercice 2009-2010, avec un recul de son chiffre d'affaires limité à 4% en données organiques ; - Les diverses opérations financières ont permis de renforcer les fonds propres du groupe, tout en lui permettant de réduire son endettement et d'en décaler la maturité. La structure financière est ainsi améliorée ; - La croissance du groupe est soutenue par sa diversification géographique. L'activité en Asie et dans le reste du monde a progressé de 3% sur le premier trimestre 2009/2010 alors que le chiffre d'affaires a reculé partout ailleurs ; - Même si le dividende sur le résultat 2008/2009 a été réduit, la rémunération de l'actionnaire est partiellement assurée par la distribution d'actions gratuites ; - La récente attribution d'actions gratuites est non seulement une bonne nouvelle pour les actionnaires, mais elle souligne également la confiance en l'avenir de l'entreprise ; - Le groupe dispose encore d'une bonne marge de manoeuvre pour améliorer ses résultats, en poursuivant les synergies liées à l'acquisition de Vin&Sprit (V&S), mais aussi en réduisant ses coûts de structure. La réduction de la dette financière, devrait faire également reculer les frais financiers ; - Sa stratégie de valeur sur l'ensemble de son portefeuille, avec le développement de ses produits "premium" lui permet de bien résister dans un contexte de crise.
Faiblesses
- Sur le second trimestre de l'exercice (entre octobre et décembre), le groupe pâtit d'une visibilité assez faible ; - Après l'acquisition de V&S, la dette financière est élevée : sur l'exercice 2008-2009, elle s'est élevée à près de 2 fois les capitaux propres du groupe ; - Le dividende prélevé sur le résultat 2008/2009 est en recul même si le retour à la politique habituelle de distribution en numéraire d'environ 1/3 du résultat net courant est prévu dès l'exercice 2009/10.
Principales activités
Vins et spiritueux (Alcools blancs et Rhums, Whiskies, Anisés, Liqueurs, Cognacs & Brandies, Amers)
Le secteur
Si les ventes de spiritueux sur le marché français ont progressé sur les neuf premiers mois de 2009, les exportations ont reculé de 15% en valeur. Le Cognac, premier spiritueux exporté par la France, souffre toujours de la crise avec une baisse de ses exportations de 20% sur les neuf premiers mois de l'année. C'est essentiellement en Russie que les ventes enregistrent leur plus mauvaise performance avec une chute de 44% en valeur et de 8% des volumes.
La valeur dans son secteur
Leader mondial des spiritueux haut de gamme ; numéro deux mondial des vins et spiritueux (derrière Diageo)
Comment suivre la valeur
- Les deux tiers de l'activité et des profits sont réalisés sur le premier semestre (juillet-décembre) le quart de l'activité étant même réalisé en décembre ; - Vérifier que les synergies se poursuivent dans les prochains mois du fait de l'intégration de V&S ; - Suivre le processus de cession des activités non stratégiques.
Dividendes versés
0,50 euro par action au titre de l'exercice 2008-09
Taux de distribution des dividendes
12,5% (sur résultat 2008-2009)
Taux de croissance du dividende par action
-62% (sur résultat 2008-2009)
Rendement moyen 2009
1%
Estimations de dividendes par action
1,29 euro en 2010
Agroalimentaire
Les intervenants sont bien conscients qu'ils doivent adapter leur offre à la demande en temps de crise. Si, contrairement à Danone, Nestlé ne veut pas réduire ses prix, il consolide toutefois son positionnement sur des produits accessible à tous. Initialement destinés aux pays émergents, ces articles sont aujourd'hui développés dans les pays matures. Dans le même temps le groupe suisse a renforcé ses investissements publipromotionnels et ses dépenses de recherche et développement, avec l'objectif de proposer des produits à forte valeur ajoutée. Sur le long terme, les géants du secteur considèrent que la santé fait partie de leur axe majeur de développement. En Chine, Danone, qui a perdu son bras de fer contre son partenaire Wahaha, et devra finalement céder ses parts pour cinq fois moins que le montant initialement demandé, va se développer seul. Il se recentre sur les produits à forte valeur ajoutée orientés vers la santé, en lançant un yaourt Bio.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
Dernière cloture | 141.30 EUR | ||||||||
Date du cours | 06/05/2024 | ||||||||
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