L'Italie et nous

Suivre @sicavonline

Publier sur Twitter

Partager sur Facebook

Imprimer cet article

Envoyer cet article

L'Italie est au bord du gouffre. Le pays est désormais asphyxié par une dette publique colossale que les marchés financiers jugent désormais inacceptable. Pourquoi cette défiance soudaine vis-à-vis d'un pays qui depuis longtemps est l'un des plus endettés du monde ? Jusqu'à présent, explique Philippe Waechter, Chef économiste chez Natixis Asset Management, l'Italie semblait pouvoir soutenir le poids de cette dette mais trop affaiblie par la récession de 2008, elle ne peut plus supporter les chocs économiques que la zone euro subit actuellement.

Décélération économique et explosion des taux d'intérêt à l'origine de la crise italienne

Pour Philippe Waechter deux principaux facteurs sont à l'origine de cette descente aux enfers. La situation économique de l'Italie s'est fortement dégradée depuis le début de l'année et les perspectives ne laissent guère entrevoir d'amélioration. Pour preuve, tous les indicateurs virent au rouge. L'indice de confiance des chefs d'entreprises en chute libre ne laisse guère d'espoir et présage un affaiblissement important de la croissance économique italienne.

Le gouvernement italien à la dérive

Ces prévisions pessimistes conjuguées à un manque de crédibilité du gouvernement Berlusconi (dont le manque d'engagement à prendre les bonnes décisions et à amorcer les réformes nécessaires pour remettre le pays sur de bons rails aura eu raison d'un pays déjà fortement fragilisé) et des mécanismes mis en place par la zone euro pour sortir de la crise de la dette ont entraîné une forte tension sur les taux d'intérêt italiens. Philippe Waechter évoque une « forme de pression des investisseurs sur le gouvernement actuel ».

Des mécanismes européens de sauvetage impuissants en dehors de la BCE

Mais le gouvernement transalpin n'est pas le seul responsable. Philippe Waechter met également en cause le manque de crédibilité des mécanismes mis en place par la zone euro pour sortir de la crise de la dette. Le FESF n'a pu pas jouer le rôle qui lui avait été attribué faute de moyens. D'ailleurs quand les tensions sont apparues sur la dette italienne et que les taux d'intérêt ont commencé à monter c'est la BCE qui est intervenue » note Philippe Waechter.

L'aide de la BCE uniquement sous conditions

Mais pour sortir l'Italie de ce marasme, la BCE doit agir beaucoup plus massivement. Ce qui pour le moment n'est pas à l'ordre du jour. L'institution européenne n'est prête à racheter de la dette italienne qu'à la condition que le pays change de gouvernement et qu'il s'engage à mettre en place les réformes nécessaires à la remise en état économique du pays. « La BCE ne signera pas de chèque en blanc » prévient Philippe Waechter. L'Italie doit donc faire ses preuves et stabiliser sa situation avant d'obtenir le soutien massif de la BCE. Si l'Italie parvient à obtenir cette aide indispensable de la BCE, « seule institution capable d'agir à grand échelle et rapidement » précise l'économiste, « les tensions sur la dette italienne se réduiront de fait » à en croie le chef économiste de Natixis AM.

L'italie peut-elle entraîner toute la zone euros dans sa chute?

Au contraire, si la situation de la troisième économie européenne n'est pas assainie rapidement et qu'elle déraille complètement, les banques françaises seront directement concernées et pourraient être très fragilisées car très fortement exposées à la dette obligataire italienne. Plus globalement, toute la zone euro serait menacée de contagion et de récession économique violente qui aboutirait à remettre en cause la construction européenne autour de la zone euro. La France n'échapperait à la contagion et sa situation économique déjà branlante deviendrait très préoccupante. « La France pourrait être prise dans l'œil du cyclone si la situation italienne n'était plus sous contrôle » conclut Philippe Waechter.

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.