(AOF / Funds) - La période de détachement des coupons est traditionnellement propice aux valeurs de rendement. A plus long terme, ces actions sont moins volatiles que la moyenne et peuvent offrir une protection contre l'inflation. Alors que la saison des assemblées générales (AG) s'ouvre, la question se pose d'investir dans les actions à haut rendement. Ces dernières se définissent comme des actions de sociétés qui distribuent une part très importante des profits sous la forme de dividendes. Schématiquement, on classe dans cette catégorie les sociétés qui rendent environ 60 % de leurs profits à leurs actionnaires. Traditionnellement pendant la saison des AG qui s'ouvre au mois de mars, les gérants s'intéressent à ce type d'investissement d'un point de vue tactique car il peut leur permettre à très court terme de bénéficier d'une plus-value liée au détachement du coupon. "La période de détachement du coupon est traditionnellement utilisée pour extraire de la performance du marché, indique Frédéric Leguay, responsable de la gestion action chez Halbis, filiale de HSBC Global Asset Management. En théorie, les cours de bourse doivent baisser du même montant que la valeur du coupon. Cependant, en général, la baisse est inférieure, ce qui permet de générer de la performance. Cette inefficience de marché est l'occasion de s'intéresser à ce thème d'investissement." A court terme, d'autres raisons peuvent également motiver l'acquisition d'actions à haut rendement. "Les valeurs les plus cycliques enregistrent l'essentiel de leur performance en fin d'année et sur les quatre premiers mois de l'année, explique Frédéric Leguay. Pendant la période estivale, elles performent souvent moins bien. Cela s'explique par le fait que les analystes ont tendance à surestimer la progression des profits, notamment de ces valeurs, et réajustent à la baisse leurs anticipations au troisième trimestre. A contrario, les valeurs défensives parmi lesquelles figurent les valeurs à haut rendement se tiennent mieux pendant cette période." Par conséquent, elles devraient progressivement rattraper leur retard par rapport au marché des actions. En effet, depuis la reprise des marchés actions l'an dernier, ce thème d'investissement est un peu à la traîne. "Depuis le début de l'année, la contre-performance de cette classe d'actifs est de l'ordre de 3 %, indique Frédérique Leguay. Ces actions sont actuellement sous-valorisées et n'ont pas suscité d'intérêt chez les investisseurs." Si les raisons de ce désamour sont multiples, le positionnement dans le cycle économique et boursier de ce type de titres explique en partie leur contre-performance. "La croissance du marché actions est tirée par les perspectives de reprise économique qui laissent augurer un redémarrage des profits, relate Frédérique Leguay. Si la croissance moyenne des résultats anticipés avoisine les 30 ou 35 % en Europe, elle est bien supérieure pour les valeurs cycliques et inférieure pour les valeurs à haut rendement dont les bénéfices ne dépendent pas ou peu du cycle économique." On trouve ce type d'entreprises en effet dans des secteurs pas ou peu dépendants du cycle économique comme les médias, les télécommunications, l'énergie, ou encore avant la crise, les financières. Celles-ci ont cependant depuis réduit nettement leur distribution de dividendes. "Ce type d'entreprises se situe plutôt dans des secteurs matures qui génèrent beaucoup de cash et ont des besoins limités en investissement, précise Frédéric Leguay. Elles peuvent de ce fait distribuer des dividendes importants." Au-delà du cycle, l'évolution du cours de ces valeurs serait associée aux taux d'intérêt à long terme. "Les actions à haut rendement sont sensibles à l'évolution des taux d'intérêt à long terme, explique Frédéric Leguay. En effet, ces titres sont assez comparables aux obligations d'entreprises. La période d'incertitude actuelle sur les taux d'intérêt à long terme conduit les investisseurs à se détourner de cette classe d'actifs." Cette sous-valorisation constitue une opportunité d'entrée sur ce marché car, outre la possibilité de générer un gain à court terme lié au détachement du coupon, les perspectives à moyen terme sur cette classe d'actifs sont attractives. "C'est le moment de revenir vers cette classe d'actifs un peu à contre-courant, propose Nicolas Simar, directeur de la stratégie high dividend chez ING Investment Management (IM). Le marché devient plus hésitant, si les résultats sont meilleurs qu'attendus, ils sont toutefois déjà intégrés dans les cours de bourse. Par contre, il y a eu récemment beaucoup de bonnes surprises en matière de distribution de dividendes." Par ailleurs, l'évolution récente des marchés actions s'est traduite par un accroissement de l'univers d'investissement. "Nous pouvons désormais trouver des valeurs à haut dividende dans des secteurs non traditionnels comme la haute technologie ou la pharmacie, indique Nicolas Simar. Ces secteurs défensifs affichent une décote attractive par rapport au marché et de forts cash flows qui se traduisent par une politique de distribution de dividendes élevés. Par ailleurs, les entreprises qui distribuent des dividendes sont en général de bonne qualité et moins volatiles que la moyenne du marché." Les prévisions en matière de croissance des dividendes dans les prochaines années sont de ce fait plutôt positives. "En 2011, sur l'Eurostoxx 50, la progression des dividendes par rapport à l'année 2010 devrait être de 10 %, prévoit Marc Fleury, directeur du développement commercial de Harewood Asset Management. Elle sera de 9 % entre 2011 et 2012." Les fonds qui affichent les meilleures performances sont investis essentiellement en Europe et en Asie. Ils ne se contentent pas, pour la plupart, d'investir dans les valeurs qui offrent les dividendes les plus avantageux. "Nous ne nous intéressons pas uniquement aux valeurs qui affichent les rendements immédiats les plus élevés, mais surtout à celles qui devraient offrir un rendement élevé dans les trois prochaines années, relate Frédéric Leguay. L'objectif de gestion de notre fonds est de délivrer un rendement moyen supérieur à celui du marché (il est actuellement légèrement inférieur à 4 % contre un peu plus de 3 % pour cette classe d'actifs) en mixant des actions dont les rendements sont très élevés et d'autres qui sont moindres mais avec une croissance anticipée des rendements très forte." Les prévisions sur la profitabilité des entreprises sont de ce fait passées au crible des analystes et des gérants qui suivent cette classe d'actifs, et des scénarios sont élaborés quant à la répartition des profits afin de déterminer quelles sont les entreprises dont les dividendes peuvent croître. "Il ne s'agit pas forcément de "vaches à lait", mais par exemple d'entreprises dont les profits sont stables mais dont les besoins de financement sont déclinants", explique Frédérique Leguay. Même stratégie pour ING IM qui met en oeuvre un filtre quantitatif et une analyse qualitative dans son processus de sélection. "L'analyse fondamentale nous permet de déterminer quelles sont les entreprises dont l'activité va croître et qui pourraient augmenter les dividendes distribués", explique Nicolas Simar. On peut également trouver dans cette classe d'actifs des fonds avec des optiques différentes, voire des fonds très innovants. Le fonds géré par Edmond de Rothschild Asset Management (Edram) est un fonds à haut rendement qui investit en Asie hors Japon. La sélection des valeurs qui distribuent des dividendes importants est utilisée afin d'éviter un des écueils propres à la région. "Le risque principal dans cette région du monde est la destruction de valeurs ou plus particulièrement le surinvestissement, explique Bruno Vanier, gérant chez Edram. Une entreprise qui distribue des dividendes importants ne sera pas engagée dans ce type de stratégie. Nous sélectionnons ainsi des entreprises qui investissent suffisamment par rapport à leur secteur ou à leurs perspectives de croissance, mais qui le font sans excès." Cela se traduit selon les secteurs d'activité par des entreprises qui peuvent redistribuer à leurs actionnaires aussi bien 20 % des profits qu'entre 60 et 70 % comme en Europe. Dans les approches très innovantes, on peut mentionner le fonds de Harewood Asset Management, une filiale de BNP Paribas, qui investit dans un marché tout nouveau créé en juin 2008 : celui des futures sur dividendes de l'Eurostoxx 50. "Les études nous montrent qu'il existe une certaine inertie dans la distribution des dividendes par les entreprises, que ceux-ci ont, d'un point de vue macro-économique, tendance à croître et qu'ils constituent une bonne protection en période d'inflation, indique Marc Fleury. Investir via des futures nous permet de nous exposer aux dividendes et uniquement aux dividendes et non aux actions. Il s'agit d'une gestion très pure qui porte sur une seule variable, à savoir les dividendes, qui est facile à analyser, ce qui nous permet d'éviter les difficultés liées à la valorisation des entreprises." Ce thème d'investissement peut ainsi être décliné dans des fonds avec des profils d'investissement et de risque très différents. Sandra Sebag
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
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